En lisant ce témoignage, on réalise les possibilités qu'offre l'installation des techniques de l'EAUTARCIE. Dans un environnement sans ressources en eau, le système PLUVALOR a permis des activités demandant de l'eau, autrement impossibles. Le lecteur réalisera aussi le coût des erreurs commises lors de l'approvisionnement en eau potable lorsque l’on n’accepte pas le principe du système PLUVALOR. Il est instructif de lire les réactions des touristes vis-à-vis de la TLB (toilette à litière biomaîtrisée) dans un gîte rural.
En ce qui concerne le traitement des eaux grises qui est ici exposé, il reflète nos connaissances d'avant 2009. Actuellement nos solutions sont plus simples. Au lieu d'être épurées (avec des pertes énormes par évaporation), les eaux grises devraient servir à l'irrigation des plantes, sans le moindre traitement préalable et sans risque sanitaire. Ce type de traitement devient impératif dans une région aussi aride que l'Andalousie.
Pour voir des maisons en « EAUTARCIE », cliquez ici.
Première publication du texte de la présente page sur www.eautarcie.com : 2009
Adaptation du texte original et première publication de la présente page sur www.eautarcie.org : 2010-06-21
Mise à jour : 2018-01-22
Nous sommes installés en Andalousie dans le petit village de Villanueva de Tapia, à moins d'une heure de l'aéroport de Malaga et de Grenade. C'est un site complètement isolé, sans eau de distribution, ni électricité, égouts ou téléphone. Il a donc fallu relever le défi pour y vivre de façon autonome, mais aussi pour pouvoir ouvrir nos portes au public.
Pour nous rejoindre, contacter :
http://ecogite-insolite-andalousie.over-blog.com/pages/Accueil-7594453.html
Nous offrons actuellement la possibilité de planter une tente, loger dans une yourte, dans une chambre d'hôte ou dans un studio.
La nappe phréatique étant située à plus de 150 m de profondeur, contenant une eau calcaire et saumâtre, nous avons renoncé à forer un puits.
En Andalousie, les habitants ont tendance à dire qu'il ne pleut jamais et de toute façon, pas assez. Tel n'était pas notre constat. Même en venant d'Europe du Nord, force est de constater qu'ici, la pluviosité est loin d'être négligeable, bien que les pluies soient réparties sur l'année d'une manière plus irrégulière.
A la première année, nous avons eu des averses de 15 à 35 litres au m². Afin de capter les précipitations, nous avons équipé de gouttières tous les toits disponibles. Faute de trouver des citernes en béton, nous en avons construit une. Elle est maçonnée et rendue étanche par un mortier ciment/chaux.
Au premier hiver, notre citerne de 11 m³ a débordé. Elle était, de toute évidence, sous-dimensionnée. Cela nous a montré que pour nous, la seule solution réaliste est la récupération de l'eau de pluie. Nous étions donc heureux d'abandonner la corvée de chercher de l'eau au village voisin pour couvrir nos besoins domestiques.
Grâce à la découverte du site EAUTARCIE du Professeur Országh, nous avons réalisé que l'autonomie d'eau était à notre portée. C'est ce qui est devenu notre objectif. En dépit des recommandations du site EAUTARCIE, au départ, nous n'avons pas fait confiance à la qualité potable de notre eau filtrée. Faute de trouver un laboratoire pour analyser cette eau, nous avons continué à remplir nos bouteilles aux sources du village pendant un an.
Ce n'est que fin novembre 2008 que nous avons pu trouver une pharmacie pour analyser l'eau. A notre grand soulagement, l'analyse de notre eau de pluie filtrée était positive: elle répondait aux normes espagnoles pour l'eau potable.
En faisant confiance, dès le départ, au système EAUTARCIE, nous aurions pu épargner au moins une année de corvée d'eau potable. Nous sommes à présent pleinement d'accord avec Monsieur Országh quand il affirme que « dans un avenir proche, la seule source d'eau potable de qualité disponible à tous, sera la pluie ». C'est déjà vrai en Andalousie.
Pour notre autonomie (famille + visiteurs), nous avons déjà installé une capacité de stockage de près de 40 m³ qui semble être encore trop petit pour stocker la totalité de l'eau qui tombe sur le toit. Probablement à cause de l'irrégularité des précipitations.
Paysage typique de l'Andalousie.
Maison: 75 m², panneaux solaires: 7,2 m², petits toits divers: 6 m², grand chalet: 25,38 m². Soit un total de 114 m².
Il se fait dans plusieurs citernes:
Soit un total de capacité de stockage de 39 m³, dont 31 m³ est relié directement aux toits.
Citerne de 11m3 pendant la construction
Bassin de décantation en amont de la citerne
Les eaux grises produites au studio passent dans un bac dégraisseur garni de pailles, puis dans une cuve formée d'un cylindre en béton de 1 m de profondeur et de 80 cm de diamètre. Les matières s'y déposent dans le fond. Le trop-plein s'écoule dans une deuxième cuve d'où l'eau est pompée pour être stockée dans une citerne qui servira à humidifier le compost et à irriguer le potager et les oliviers.
Les eaux grises du chalet passent à travers trois bassins filtrants plantés (plantes aquatiques) ayant un dénivelé de 40 cm de bassin en bassin. Dans chaque bassin, l'eau à épurer monte du bas vers le haut pour traverser 4 couches de minéraux. Chaque bassin contient une couche de gros cailloux, couverte d'une couche de roche volcanique, puis de petits graviers et finalement, une couche de sable. Les plantes du garnissage ont été prises au bord du ruisseau en bas de notre terrain.
L'eau du quatrième bassin sert pour l'irrigation.
Bassins filtrants des eaux grises
Paramètres | Unités | Valeurs | Normes pour l'eau potable |
Couleur | 0,2 | Pas de norme | |
Odeur | Normal de 3 à 25°C | Pas de norme | |
Turbidité | FNU | 2 | <1 |
Conductivité | µS/cm | 163,6 | <400 |
pH | - | 7,53 | 6,5 à 9,5 |
Ammonium (NH4+) | mg/litre | 0,017 | <0,5 |
Ions nitrites (NO2-) | mg/litre | 0,020 | <0,5 |
Germes totaux | |||
à 22°C à 37°C |
Ufc/ml |
40 38 |
<100 <100 |
Escherichia coli | Ufc/ml | absence | Pas de norme |
Coliformes totaux | Ufc/ml | absence | Pas de norme |
Coliformes fécaux | Ufc/ml | absence | Pas de norme |
Concernant les toilettes sèches, l'absence d'odeur semble être l'argument décisif pour la plupart des familles.
Toilette sèche des hôtes
Dès notre arrivée en Espagne, nous n'achetions de l'eau en bouteilles que pour renouveler notre lot de flacons pour le stockage. Pendant la première année, ces flacons ont servi à transporter l'eau (chlorée) de distribution prélevée à un robinet public au village.
Après un certain temps de consommation de l'eau de distribution, nous avons préféré prélever l'eau pour la boisson à une source, signalée par les anciens du village, délivrant de l'eau fraîche et apparemment de bonne qualité. Nous avons préféré cette eau, en dépit du fait qu’officiellement, elle était déclarée « non potable ».
L'été suivant, le débit de « notre source » est devenu un mince filet. Il a donc fallu nous approvisionner à une autre source située plus loin. Comme il se doit, l'eau de cette source était aussi déclarée « non potable ». Cela ne nous a pas empêché d'y prélever l'eau. Les Espagnoles en faisaient autant. L'eau de cette source avait un goût agréable, mais elle nous a fait énormément aller à la toilette.
Intriguée par les effets sanitaires de cette eau, j'ai demandé une analyse auprès de l'administration communale. C'est ainsi que nous avons appris que les deux sources délivraient une eau dont la teneur en nitrates dépassait la limite légale de 50 mg/l.
Par la même occasion, j'ai aussi fait analyser notre eau de pluie par un pharmacien, avec les résultats signalés plus haut. C'est triste à dire, mais il a donc fallu attendre plus d'un an pour réaliser que la qualité de l'eau de notre citerne était de loin supérieure à celle de l'eau de distribution, mais aussi celle des sources du village. Nous sommes à présent convaincus et décidés à boire notre eau de pluie filtrée. Disposer donc de l'eau potable de qualité est possible avec des moyens simples.
Fort de notre expérience, nous avons fini par s'intéresser aux problèmes d'eau des villages voisins. J'ai donc appris que la nappe phréatique située dans la zone était gravement polluée par les nitrates. Les habitants sont approvisionnés en eau potable par des camions citernes.
Ce même scénario pourrait se passer dans d'autres villages andalous, suite à une agriculture intensive. Déjà actuellement, la pénurie d'eau s'installe progressivement: certains villages sont privés d'eau pendant des périodes allant jusqu'à 15 jours.
Lors d'une de nos excursions estivales, nous avons décidé d'aller voir le lac « Pantano del Agujero » près de Malaga. A l'arrivée sur les lieux, en dépit d'une inscription murale « Pantano del Agujero » aucun plan d'eau n'était visible. Interrogé, un passant espagnol nous a confirmé le fait que nous soyons bel et bien près du lac signalé sur la carte. En lieu et place de l'eau, une vallée profonde s'offrait à nos yeux avec une végétation dans le fond. Ce qui nous laisse croire que depuis longtemps, il n'y a plus d'eau dans ce réservoir.
Ce lac/réservoir/barrage devrait servir, en principe, à l'alimentation en eau potable pour une partie de la province de Séville et de Cordoue. Il avait été créé en 1979 par Franco.
Oui, bien que le chauffe-bain au gaz ne permette le passage que de 5 litres d'eau par minute.
Nous n'avons aucun WC à chasse d'eau, mais uniquement des toilettes à litière qui, au lieu de l'eau, consomment des copeaux de bois. C'est du déchet de menuiserie que nous récupérons.
Oui. Chaque mètre carré de toit est mis à contribution pour la récolte de l'eau de pluie. C'est notre seule source d'eau. Nous n'avons pas d'autre alternative, mais cela nous suffit. Nous ne manquons jamais d'eau.
Oui. La totalité des eaux grises produites sont épurées et servent pour irriguer le potager, le verger et aussi pour humidifier notre tas de compost. Nous ne pouvons pas nous permettre le gaspillage de cette eau, si précieuse en Andalousie.
L'eau grise épurée est stockée dans une citerne. De ce fait, elle est disponible quand nous en avons besoin.
Dès leur arrivée, nos hôtes sont informés de l'absence de raccordement des bâtiments au réseau de distribution public. Nous leur signalons également le fait qu'il n'y a ni puits, ni source sur notre terrain. Toute l'eau utilisée provient des citernes à eau de pluie.
La quantité étant limitée, l'économie d'eau s'impose d'elle-même. Si les citernes devaient tomber à sec, il faudrait chercher l'eau dans le village, ce qui coûterait cher pour tous.
C'est ce qui justifie le placement d'un compteur d'eau qui nous aide à surveiller la consommation et de gérer le stock. Chez nous, les gestes de bon usage de l'eau s'apprennent par l'expérience vécue. C'est une bonne école de gestion responsable que l'on peut également pratiquer chez soi, au retour des vacances.
Le calcul de la consommation quotidienne par personne est non seulement une indication précieuse pour ajuster son comportement, mais aussi, surtout pour les enfants, une activité ludique d'arithmétique appliquée à l'écologie au quotidien.
Nos hôtes sont parfois surpris d'apprendre que leur consommation pour l'hygiène personnelle finit par s'établir autour de 20 litres par jour par personne. C'est moins que la moitié consommée à la maison. La cuisine ne consomme que 5 litres par jour par personne. Je leur dis également que le placement d'une toilette à litière chez eux, réduirait la facture d'eau d'environ 30 %.
Chez nous les vacances, c'est aussi une initiation à l'écologie.
Par Véronique
Villanueva de Tapia, le 25 janvier 2009.