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Réflexions sur les politiques de l’eau
Gérer son eau

Politique de l'eau de la Région wallonne

Le système PLUVALOR et la loi

Valorisation de l'eau de pluie en Belgique

Une Charte mondiale de l’eau?

Riccardo Petrella

Les politiques d’approvisionnement en eau

Le système TRAISELECT et la loi

Normes de déversement contre la gestion durable de l'eau

Les politiques de gestion des eaux usées

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La lecture de ces pages se veut utile aux personnes appelées à prendre des décisions en matière de politique de l’eau.

Gérer l’eau de pluie et ses eaux usées suivant les principes de l’EAUTARCIE est plus qu’un simple choix ou option technique: c’est aussi un choix de société, un acte hautement politique. De ce point de vue, la qualité principale du système est de constituer une école de gestion responsable.

Les considérations développées sur ces pages constituent une prise de position politique d'un citoyen soucieux de l'avenir de la planète.

Pour voir des maisons en «EAUTARCIE», cliquer ici.

Il est instructif de lire un témoignage venant d'Andalousie (Espagne) sur les bienfaits de l'Eautarcie en région sèche.

Pour voir un bel exemple d’une démarche incohérente en matière de gestion d’eau, cliquer ici.

Pour voir le schéma général d'un système PLUVALOR, cliquer ici.

Pour voir le schéma général d'un système TRAISELECT complet, cliquer ici.

Première publication du texte de la présente page sur www.eautarcie.com: 2003 avec mises à jour jusqu’en 2008, selon les textes.

Adaptation du texte original et première publication de la présente page sur www.eautarcie.org: 2010-03-03

Mise à jour: 2011-03-29


Gérer son eau

La vision officielle de la gestion de l'eau

La vision officielle est déterminée par les experts des sociétés distributrices. Suivant cette vision, la totalité de la gestion doit être centralisée et confiée aux techniciens des sociétés. On justifie cette option par la garantie de qualité et la sécurité par les contrôles réguliers au niveau de la qualité de l'eau distribuée. Dans ce système, l’usager devient un consommateur qui délègue ses pouvoirs aux techniciens, avec les conséquences que l’on connaît:

Dans le meilleur des cas, on admet la valorisation de l'eau de pluie uniquement:

La vision classique implique la consommation d'eau rendue potable (à fort coût) pour tous les usages dans la maison. La démarche officielle, même en ce sens, est incohérente. On recommande au public d’économiser l’eau, mais on «oublie» la récupération de l’eau de pluie. Pour voir un bel exemple de cette démarche incohérente, cliquer ici.

Gestion durable de l’eau – un choix de société

Gérer l’eau de pluie et ses eaux usées suivant les principes de l’EAUTARCIE est plus qu’un simple choix ou option technique: c’est aussi un choix de société, un acte hautement politique (voir aussi les Réflexions sur les politiques d’approvisionnement en eau et les Réflexions sur les politiques de gestion des eaux usées). De ce point de vue, la qualité principale du système est de constituer une école de gestion responsable.

Conditionné par les médias, les administrations, et certaines associations d’environnementalistes, le consommateur confond irresponsabilité et confort moderne. Dans une habitation équipée des systèmes de l’EAUTARCIE, la perte de confort est vraiment minime par rapport à ce que l’on a dans une maison classique. Comme le recours aux énergies renouvelables ne signifie nullement le retour à la lampe à pétrole, de même EAUTARCIE n’est pas synonyme de restriction d’hygiène, manque d’eau et latrines malodorantes.

Il n’en est pas moins vrai qu’on devient son propre fournisseur d’eau avec toute la responsabilité que cela comporte. Lorsqu’on ouvre son robinet, en dépit des apparences, l’eau «ne coule plus de source», comme avec la distribution centralisée. A chaque instant, il faut être conscient du fait qu’on gère une ressource limitée, bien que parfaitement renouvelable. Dans ce cas, les «économies d’eau» prennent une dimension élargie. Il y aura des périodes pluvieuses fastes suivies d’autres plus contraignantes. Une citerne correctement dimensionnée assure la récupération maximale de la ressource, mais il appartient à chacun d’adapter sa consommation aux possibilités de son installation. Lorsqu’on dispose d’un grand toit et d’une citerne assortie, les «économies d’eau» habituellement recommandées sont dépourvues de signification.

Lors d'une de mes conférences en France, une élue municipale s'était inquiétée de la «soustraction de l'eau des précipitations du cycle de l'eau, lorsqu'on récupère l'eau de pluie dans une citerne». Elle faisait allusion à la réduction de l'infiltration dans le sol au départ d'une surface rendue imperméable. On dénonce souvent l'extension des surfaces imperméables qui diminuent l'alimentation de la nappe phréatique. En Allemagne, dans certains états, on taxe même la superficie rendue imperméable. Il s'agit ici d'une position scientifiquement incohérente, socialement injuste et défavorable à l'environnement. Mais revenons à l'utilisation raisonnable de l'eau de pluie avec épuration suivant le système EAUTARCIE. En effet, si l'eau de pluie, après usage, est canalisée vers une superficie absorbante, il n'y a pas de soustraction de nos réserves souterraines. De même rejetée dans les égouts, elle remplace tout simplement l'eau de distribution qui n'aura pas été consommée. Parallèlement, les âmes sensibles au «bétonnage» des surfaces, ne réalisent pas que les égouts urbains drainent de véritables rivières vers les cours d'eau. Environ quatre cinquièmes de cette eau est prélevée dans la nappe phréatique. S'il y a un phénomène inquiétant, c'est bien l'extension des zones à épuration collective par lesquelles on rejette toute cette masse d'eau, via les égouts, directement dans les rivières.

Le jour où les techniciens en génie sanitaire réaliseront le gâchis environnemental qu'ils provoquent avec l'extension de l'épuration collective, on aura fait un pas géant vers la gestion durable de l'eau dans le monde.

Avec l’EAUTARCIE, l’impact hydrique de l’habitation est pratiquement nul: l’eau qui tombe sur le toit est restituée au sol, après usage et sans pollution.

Les obligations de l’EAUTARCIE au quotidien

La récupération d’eau de pluie

La gestion du contenu de la citerne implique évidemment l'entretien de l'équipement. Nous pouvons citer le nettoyage des gouttières, celui de la citerne et des filtres. Ces travaux ne demandent pas une compétence particulière et sont à la portée de l’écrasante majorité de la population. On peut aussi faire le choix de confier ces travaux à une entreprise spécialisée, suivant un contrat. Les économies réalisées grâce à l’abandon des systèmes centralisés permettent le financement de ces travaux d’entretien [1].

[1]
On invoque souvent l’argument suivant lequel les installations centralisées de fourniture et d’épuration des eaux créent des emplois, tandis que les systèmes individuels analogues à l’EAUTARCIE en détruisent. Si l’on regarde ce qui se trouve derrière le système de valorisation de l’eau de pluie et l’épuration individuelle, on découvre un grand nombre de petites entreprises pourvoyeuses d’emplois valorisants. La différence réside dans le fait que l’argent du consommateur, au lieu d’enrichir les multinationales de l’eau, soutient la petite industrie locale.

Nous avons également des outils à notre disposition. La gestion du contenu de la citerne est facilitée par un dépressiomètre installé près de la citerne, dans la cave ou sous l’évier de la cuisine. Cet instrument simple et peu onéreux, affiche le niveau d’eau dans la citerne.

La qualité de l’eau alimentaire filtrée demande aussi une surveillance. Lorsque les filtres sont colmatés, le débit au robinet diminue. Un simple nettoyage des cartouches filtrantes rétablit la situation. Le dépassement de la capacité de filtration du charbon actif est signalé par l'apparition d'une odeur et d'un goût de ciment dans l’eau de boisson. C'est le moment de remplacer le filtre céramique garni de charbon actif. Les filtres commercialisés ont une capacité de filtration de l'ordre de 20 à 25 m³ d'eau. C'est la raison pour laquelle je conseille le placement d'un compteur d'eau directement en amont du système de microfiltration. D'une manière générale, il faut suivre les recommandations du fournisseur du matériel pour l’entretien et le remplacement planifié des éléments filtrants.

Si l’eau potable est obtenue à l’aide d’un système à osmose inverse, la surveillance de la qualité de l’eau se fait à l’aide d’un conductimètre de pochedisponible dans le commerce pour une vingtaine d’euros. Pour cet usage, il ne faut pas un instrument de laboratoire: un simple testeur suffit. La mesure de la conductivité en amont et en aval du système de filtration permet de remplacer la membrane à osmose au bon moment. Le préfiltre et le charbon actif doivent être remplacés annuellement.

Le traitement sélectif des eaux grises

Lorsqu’on épure ses eaux grises jusqu’au bout dans un petit étang décoratif (système TRAISELECT complet), il faut être conscient du fait qu’une telle installation demande aussi un entretien: l’enlèvement régulier des algues en excès, la coupe annuelle des plantes aquatiques, le nettoyage de la pompe de la fontaine ou de la cascade quand on en a. L’entretien d’un tel étang ne demande cependant pas plus de temps et de travail que celui d’un massif de fleurs de dimensions comparables. Lorsqu’on infiltre simplement dans le sol ses eaux grises issues d’un bioréacteur anaérobique dénommé fosse à eaux grises (système TRAISELECT de base), l’entretien est nul.

L’usage de toilettes sèches

Pour certains, l’évacuation régulière des effluents de la toilette à litière biomaîtrisée constitue la contrainte majeure, tandis que d’autres l’acceptent sans problème.

Le déversement du contenu de la toilette sur le carré à compost, sa couverture, le rinçage et la remise en place du seau ne demandent que quelques minutes et font partie des travaux domestiques de routine au même titre que la vaisselle, la lessive, le nettoyage ou la tonte du gazon. La constitution annuelle du tas de compost demande aussi quelques heures de travail, mais ce travail est déjà fait par tous ceux qui compostent leurs déchets de jardin et de cuisine.

Le compostage de surface des effluents de la toilette à litière, élimine même les travaux de transfert du contenu du carré à compost vers le tas.

Les risques liés à l’EAUTARCIE

Les défendeurs des systèmes centralisés, qui sont souvent des employés ou des techniciens des sociétés distributrices ou d’épuration, insistent sur le caractère dangereux des systèmes de l’EAUTARCIE. Ils font valoir les arguments suivants:

Les réponses à ces objections se trouvent dans les pages de ce site. J’y ajouterai encore quelques données et réflexions.

Le caractère «dangereux» de l'usage domestique de l'eau de pluie

Les techniciens des sociétés distributrices d’eau, mais aussi certains fonctionnaires, dénigrent l’utilisation de l’eau de pluie en donnant une image faussede cette technique ou proposent une technique incorrecte. Il est intéressant de relever que certaines sociétés distributrices et administrations régionales ou communales distillent la même «désinformation». Il ne faut pas oublier que les informations techniques et scientifiques véhiculées par les techniciens des sociétés distributrices servent à vendre une marchandise et, de ce fait, doivent être assimilées à des informationsà caractère commercial. En ce qui concerne la «désinformation» par les représentants des sociétés distributrices publiques «sans but lucratif», l’influence des milieux d’affaires y est évidente, ainsi que le souci de l’administration de maintenir les recettes fiscales. Du côté des techniciens de l'eau - surtout en France - on entend souvent parler du «caractère dangereux» de l'utilisation domestique de l'eau de pluie.

A ceux qui dénigrentla valorisation domestique de l’eau de pluie et militent pour le maintien du monopole de la distribution d’eau potable, nous disons:

«Le soleil brille pour tous. Faut-il donc tirer les rideaux afin de préserver le commerce des marchands de chandelles?»

Au lieu de discourir sur le caractère dangereux de l'utilisation domestique de l'eau de pluie, il serait plus «scientifique» d'en mesurer objectivement les dangers réels, sur le terrain. A cette fin, il suffit de mener une étude épidémiologique qui consiste à comparer l'état de santé de deux populations comparables à tout point de vue, sauf en ce qui concerne les usages de l'eau.

Suivant une étude faite par AQUAWAL et WWF, le nombre de personnes qui boivent l'eau de pluie en Belgique depuis des années peut être estimé à plus de 100 000 et plus de 750 000 l'utiliserait pour l'hygiène personnelle. Est-ce trop peu pour parler d’un phénomène social? Cependant ce nombre est trop élevé pour parler d’une manière crédible du caractère dangereux de cette pratique. Jusqu’à présent, on n’a pas encore signalé de problème sanitaire imputable à l’usage de l’eau de pluie. Ce qui ne signifie évidemment pas que le risque est nul. Par contre, les usagers du système centralisé de distribution d’eau encourent d’autres risques non moins élevés. Voir à ce sujet le chapitre sur Le chlore et l'irradiation UV. En contrepartie, qu’en est-il du risque encouru par l’introduction de substances toxiques dans les châteaux d’eau par des terroristes?

L’affirmation du soi-disant «écobilan défavorable» de la valorisation de l’eau de pluie est basée sur une étude faite en Suisse [2] où l’on a comparé le captage d’eau pure de haute montagne et sa distribution centralisée par gravité au système classique de valorisation des eaux pluviales. Il est abusif de généraliser un résultat obtenu dans un cas aussi exceptionnel.

[2]
Ref: Analyse du cycle d’approvisionnement en eau et récupération d’eau de pluie: rapport final du projet cycleaupe, O. Jolliet et al, Laboratoire de gestion des écosystèmes, numéro UM-147-F, 2002. Il est intéressant aussi de lire le message #21 d’un forum de discussion à ce sujet.

En fait, dans la majorité des cas, l’eau à distribuer est pompée d’un puits, d’une galerie de captage ou d’une eau de surface. Pour être distribuée, elle demande des traitements plus ou moins lourds et coûteux. Quant au bilan énergétique de l’opération, on admet comme valeur moyenne un kilowatt-heure d’énergie électrique dépensée par mètre cube d’eau distribuée. L’énergie nécessaire pour pomper un mètre cube d’eau d’une citerne n’est qu’une fraction de cette valeur. Ceci dit, il est tout à fait évident qu’un écobilan comparé est une étude qui reste à faire.

Au cours de ma carrière à l’Université de Mons-Hainaut, j’ai sollicité en vain pendant des années le financement d’une étude, y compris une étude épidémiologique sur les dangers sanitaires éventuels, sur la valorisation domestique de l’eau de pluie. Ni la Région wallonne, ni la Communauté Européenne, ni d’autres organismes n’ont jamais voulu s'y investir.

A propos de la qualité de l’eau, les arguments avancés par les techniciens de sociétés distributrices sont de nature théorique: on incrimine la présence de bactéries dans l'eau de la citerne. En fait, rien n'est plus simple que d'éliminer les bactéries d'une eau destinée à la boisson. Par ailleurs, ils comparent l’eau qui sort de leurs installations à l’eau de pluie qui tombe sur le toit. Il est étonnant de constater que des scientifiques de valeur se permettent de comparer la qualité de l'eau d'une citerne avec celle de l'eau distribuée par réseau. On ne peut comparer que des choses comparables. L'eau qui se trouve dans la citerne est une eau brute, une matière première qu'il convient encore de traiter avant son utilisation. L'eau d'une citerne n'est comparable qu'à celle de la rivière où les services de distribution puisent l'eau avant la purification et la distribution. Cette dernière n'est pas plus potable que celle qui se trouve dans une citerne.

Pour être objectif au point de vue scientifique, c'est l'eau de citerne filtrée par un système de microfiltration ou d'osmose inverse qui peut être comparée à l'eau potable de distribution. A ce niveau, la comparaison est loin d’être favorable à cette dernière. Rares sont les sociétés distributrices qui appliquent des techniques aussi avancées pour le traitement de l’eau que celles qui sont présentes dans un bon système de microfiltration.

Monter en épingle la teneur excessive en pesticides [3] de quelques averses ne tient pas compte d’une série de réalités:

[3]
Lire à ce sujet, entre autres: Dichloorvos en andere bestrijdingsmiddelen in het regenwater in Vlaanderen – Interimrapport: periode 02/97 – 12/97 (Le dichlorvos et autres pesticides dans l'eau de pluie en Flandre - Rapport intermédiaire), ainsi que Bestrijdingsmiddelen in het regenwater in Vlaanderen – Rapport over 1998 (Pesticides dans les eaux de pluie en Flandre - Rapport 1998). Contact: Hoofdt Afdeling Informatie du VVM, A Van De Maelestraat, 96, B-9320 Erembodegem, tel.: 0036.(0)53.72.62.11.
[4]
Pour éliminer les pesticides, les sociétés distributrices utilisent – quand elles l’utilisent – la même technique. Dans les faits, le traitement au charbon actif est rarement utilisé par les sociétés distributrices d’eau. Il ne faut tout de même oublier que toute eau douce qui se trouve dans la nature vient des précipitations. La pollution de la pluie aura aussi une influence sur les ressources en eau utilisées par les sociétés de distribution.

L’affirmation du caractère acide, corrosif et aminéral (ne contenant pas de sels minéraux) de l’eau de pluie stockée dans une citerne en béton ne résiste pas à une analyse scientifique sérieuse. Lors d’une des mes conférences, il m’a été reproché par un fonctionnaire régional de recommander au public la consommation d’une eau «aminérale», dangereuse pour la santé. En suivant sa propre logique, je lui ai suggéré de demander la fermeture de Spa Monopole qui vend de l’eau (Spa Reine), qui contient 50% de moins de sels minéraux que l’eau d’une citerne, tandis que celle de Mont Roucous (France), en contient 6 fois moins. L'eau de Spa Reine et aussi celle de Mont Roucous, très pures, sont considérées par les spécialistes en alimentation saine comme étant parmi les meilleures dans le commerce en Belgique et en France (publicité gratuite!). L’eau potable, obtenue de la pluie par filtration à osmose inverse a une composition minérale très proche de celle de l’eau de Mont Roucous. Les amateurs d’eau ont du mal à distinguer les deux eaux au goût. L'eau de pluie rendue potable par micro-filtration ressemble fort à la Spa Reine. Dans les deux cas, le prix de revient de l'eau potable obtenue de la pluie est inférieur à 8 centimes le litre, compte tenu de l'amortissement de l'installation.

La présence éventuelle de métaux lourds dans l’eau de pluie a fait l’objet de nombreuses analyses. A ce niveau aussi, il faut comparer des choses comparables. Au lieu de comparer le contenu d’une citerne avec la qualité de l’eau sortant des installations de distribution, il vaut mieux la comparer à l’eau sortant du robinet du consommateur.

Lors d’une de ses conférences, le directeur d’une société distributrice affirmait qu’on n’a jamais mesuré des quantités de métaux lourds aussi élevées dans une eau de distribution que celles que j’avais mesurées dans l’eau de ville de Mons, mettant en doute ma compétence ou mon honnêteté scientifique. J’ai, en effet, mesuré 25 fois plus de zinc dans l’eau de ville de Mons que dans l’eau d’une série de citernes. On peut encore mettre en doute les résultats d’un chercheur, mais beaucoup moins ceux obtenus par une équipe lors d’une étude étalée sur plusieurs années faite dans un laboratoire officiel de l’état. En effet, dans le laboratoire du CSTC (Centre Scientifique et Technique de la Construction), en Belgique, on a mesuré jusqu’à 11 900 µg/l de zinc dans l’eau de ville à la sortie du robinet du consommateur, et jusqu’à 130 µg/l dans des citernes à eau de pluie. Le rapport observé était semblable dans le cas du cuivre [5].

[5]
Réf.: K. De Cuyper et K. Dinneg, La qualité de l’eau à la sortie du robinet. Tribune de l’eau, n°268/2, mars-avril 1994, pages 35-42.

Le «danger» du compostage des effluents des toilettes sèches

En ce qui concerne le danger potentiel que représente «la manipulation du fumier humain» issu de la toilette à litière, celui-ci a fait l’objet d’une étude épidémiologique – commandée par la Région wallonne – du Dr D’Hoore de l’Université Catholique de Louvain [6]. La conclusion de l’étude est formelle: les utilisateurs de la toilette à litière ne présentaient pas plus de maladies liées à la contamination fécale que les autres. On a même observé, sans tirer de conclusions, que le lot de population utilisant la toilette à litière était en meilleure santé que ceux qui utilisent les W.-C. à chasse. Si les résultats observés avaient été inversés, on aurait conclu au caractère dangereux de la toilette à litière.

[6]
Réf.: William D’Hoore, Etude du risque sanitaire du système de toilette à litière biomaîtrisée. Ecole de Santé Publique, UCL, mars 2000. Je puis envoyer la copie de ce travail sur cédérom sur simple demande contre remboursement des frais. Contact: joseph.orszagh@skynet.be.

Il est à noter que la législation française autorise enfin l'usage des toilettes sèches, bien que des tracasseries administratives persistent dans un dossier à suivre. En Belgique aussi, les toilettes sèches sont autorisées, mais le compostage des effluents doit se faire sur un «aire étanche», séparé du sol [7]. De toute évidence le législateur n'a pas tenu compte de la biologie du sol pour la formation de l'humus, mais uniquement des «aspects sanitaires». Ironiquement, le même législateur autorise l'épandage des gadoues des fosses septiques directement sur le sol qui produit notre alimentation. S'il y a un soi-disant «danger sanitaire pour le public», il se trouve plus à ce niveau que dans les jardins privés des utilisateurs des toilettes sèches. Enfin, il faut accepter deux poids et deux mesures différents à l'égard des W.-C. à chasse et à l'égard des toilettes sèches...

[7]
Arrêté du 7 septembre 2009 fixant les prescriptions techniques applicables aux installations d'assainissement non collectif recevant une charge brute de pollution organique inférieure ou égale à 1,2 kg/j de DBO5

Article 17
Par dérogation à l'article 3, les toilettes dites sèches (sans apport d'eau de dilution ou de transport) sont autorisées, à la condition qu'elles ne génèrent aucune nuisance pour le voisinage ni rejet liquide en dehors de la parcelle, ni pollution des eaux superficielles ou souterraines.
Les toilettes sèches sont mises en œuvre :
― soit pour traiter en commun les urines et les fèces. Dans ce cas, ils sont mélangés à un matériau organique pour produire un compost ;
― soit pour traiter les fèces par séchage. Dans ce cas, les urines doivent rejoindre la filière de traitement prévue pour les eaux ménagères, conforme aux dispositions des articles 6 et 7.
Les toilettes sèches sont composées d'une cuve étanche recevant les fèces ou les urines. La cuve est régulièrement vidée sur une aire étanche conçue de façon à éviter tout écoulement et à l'abri des intempéries.
Les sous-produits issus de l'utilisation de toilettes sèches doivent être valorisés sur la parcelle et ne générer aucune nuisance pour le voisinage, ni pollution.

Pour voir un exemple typique de législation inadéquate en matière d’eau, aller au chapitre sur la politique de l’eau en Région wallonne.

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